J’y pense lorsque je glisse ma main au fond de mon sac pour trouver un crayon et que finalement je sors un coquillage. Le sourire vient instantanément. La nostalgie aussi.
J’y pense parfois quand je fais mon lavage. Avec une gratitude que je n’avais jamais eu devant notre confortable modernité avec eau chaude et haute technologie.
J’y pense souvent quand je regarde mes comptes de cartes de crédit. En me demandant si je suis pas un peu folle. Et vite, ça repart. J’ai des souvenirs de surf, de tortues géantes, de soleil…
Je suis comme le sol de ma montagne. Des petits brins de vie, des petites poussent vertes commencent à sortir après mon hiver. Parce que même si j’étais au soleil, j’était en jachère. Mon cœur, mon ventre avait besoin de ce temps d’arrêt. Où je me suis permis d’arrêter de créer, d’arrêter d’être dans le futur pour n’être que dans le moment présent.
J’écris ces mots avec une boule dans la gorge. Parce qu’ici c’est si difficile de ne pas se projeter. Ici, j’ai le sentiment du manque, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez. Assez quoi? Je ne sais pas. Pourtant, je suis fière de ma vie, d’être mère, de ce que j’ai accomplis dans ma vie jusqu’ici. Mais cette boule dans le creux de mon ventre, me rappèle que vite je dois réussir une course sans fin vers l’avant. Et comme dans l’histoire, je vais me brûler les ailes en voulant voler toujours plus haut.
Mais la-bas, le soleil était juste là. Je pouvais en profiter. Si simplement. Malgré que je devais faire mon lavage à la main dans la bassine d’eau froide. Malgré que mon futur était si incertain. J’arrivais à profiter du soleil comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Mais même le paradis a une date de péremption me semble-t-il. On fini par ce lasser de tout. Pourquoi? Parce que comme les arbres de ma montagne, nous sommes fait pour pousser. Vers le haut. Toujours plus haut vers le soleil.
Moi, je suis comme le sol de ma montagne. Comme ces petites feuilles de mon plan de menthe qui sortent d’un plan qui semble mort, mais qui a survécu sous la neige et qui renaît. Malgré le froid, malgré le piétinement des enfants, elles savent que le soleil sera bon. Je regarde ces feuilles en me disant qu’elles sont extraordinaires d’être là. Je ne m’accorde pas le même mérite. J’essaie en profitant du soleil.
Mon bonheur n’est que temporaire mais renouvelable. À chaque minute, à chaque seconde. Je pousse d’un millimètre et ma situation change. Et de ce changement naît un nouveau bonheur ou une déception. Je cherche le soleil. Mais juste pour capter sa force. Sans vouloir y toucher.
Qui sait à quelle hauteur je vais me rendre dans ma poussée? Peut-être pourrai-je presque toucher le soleil un jour, mais en ce moment je suis comme toutes ces petites pousses qui tapissent le sol de ma montagne encore enneigée. Qui ont besoin de prendre leur temps, qui acceptent d’être là où elles sont et comme elles sont.
Mon ventre abrite une force de vivre qui me permet de vouloir croître. Ce printemps, je tâcherai de ne pas m’étioler.
Tu me fais pleurer, c’est ce que je penses aussi. Maintenant et quand on a plus le temps de profiter du maintenant tout pers sens même dans l’abondance,…
Merci pour ces mots qui bercent l’esprit.